Le Black Belt se définit d’abord par les critères de certification. On devient Black Belt quand on a été Green Belt certifié et actif, quand on a mené quelques projets d’amélioration, puis, à la suite de la formation Black Belt, quand on a réussi l’épreuve de certification. Celle-ci consiste dans un test de connaissance (certification de connaissance), mais surtout dans la soutenance d’un projet d’amélioration (ou deux projets, selon le contexte) mené à son terme avec succès. C’est la certification de compétence.
Mais ce n’est pas tant l’obtention du diplôme que son action qui distingue le Black Belt. Un Black Belt c’est d’abord un acteur-clé de la transformation de l’entreprise : il mène des projets ou des chantiers complexes et contribue ainsi activement à l’amélioration des processus de son organisation. La compétence acquise à l’issue de la formation doit se concrétiser sur le terrain de l’amélioration. C’est là qu’éclosent les potentiels : utiliser avec pertinence des outils parfois complexes (Value Stream Mapping, Tests statistiques, Plans d’expériences, etc.), savoir diagnostiquer une situation difficile, hiérarchiser les problèmes, emmener avec soi une équipe multifonctionnelle et transverse, identifier les résistances et accompagner le changement… voilà ce qui est attendu d’un Black Belt.
Plus largement, être Black Belt, c’est contribuer significativement à l’Amélioration Continue. C’est pour cela, qu’en général, le Black Belt exerce son rôle à plein temps en se consacrant à 100 % à l’Amélioration Continue (contrairement au Green Belt qui conserve son rôle opérationnel ou fonctionnel, tout en menant également des projets d’amélioration).
Surtout, le Black Belt se caractérise par son attitude, son état d’esprit. Dans l’organisation, c’est un relais, un ambassadeur, celui qui saura transmettre les messages importants, expliquer la vision, relativiser les difficultés, et tout autant identifier les obstacles, écouter les craintes, capter les signaux faibles et faciliter la remontée des bonnes idées. Dans le cadre des programmes structurés, il saura naturellement prendre le temps d’expliquer et de comprendre, il saura s’intéresser et intéresser. Le Black Belt, par son comportement, stimule les acteurs autour de lui, qu’ils soient simples contributeurs ou cadres, il dynamise l’organisation. Je me souviens d’un Black Belt côtoyé dans un environnement industriel parfois décourageant, qui savait amener ses interlocuteurs à prendre du recul et à envisager plusieurs alternatives en ayant recours à quelques réflexes simples et fondamentaux de la communication : il posait des questions, écoutait, reformulait. C’est si simple d’échanger. Mais cela demande du temps et l’envie de communiquer ! Le Black Belt, finalement, donne l’exemple et l’envie. C’est un leader.
Ce leadership, démontré concrètement sur des projets sur le terrain, fait du Black Belt un futur leader dans l’organisation. Cette question du potentiel humain nous ramène au point de départ : le profil de recrutement du Black Belt. Pour une entreprise, sélectionner des candidats au programme de formation Black Belt, ce n’est pas choisir les candidats disponibles ou volontaires, ce n’est pas seulement se déterminer par rapport au projet prioritaire du moment, c’est avant tout identifier un potentiel que l’on veut faire grandir. C’est choisir une personne qui évoluera dans son savoir-faire. Dans un premier temps sur des missions d’amélioration continue et, par la suite, dans un poste à responsabilités fortes. Après avoir fourbi ses armes quelques années en tant que Black Belt, il restera, en tant que responsable et décideur, ce stimulateur, cet exemple dont l’un des objectifs (au moins personnel) sera de faire grandir ses équipes et de développer la culture de l’excellence. Le Black Belt, dans son rôle de contributeur actif à l’amélioration des performances et des fonctionnements, est quelqu’un qui se développe, qui apprend à se développer et à développer les autres. Un rôle fondamental au sein d’une organisation apprenante.
Evidemment, le Black Belt de nos jours, c’est aussi quelqu’un qui a une appétence pour les nouveaux outils apportés par le Big Data et pour les outils digitaux. Il est curieux de l’apport des chatbots sur la standardisation des processus, il perçoit l’intérêt des capteurs et traceurs RFID dans la mesure et la compréhension des flux, et saisit l’impact des algorithmes d’arbres de décision ou des modèles d’apprentissage automatique sur les capacités d’analyse. Il utilise ces outils et assure une veille technique pour apporter des solutions, mais il sait aussi construire des ponts entre les ressources qui émergent et les opérationnels concernés.
En conclusion, un Black Belt n’est pas (seulement) un certifié, c’est surtout un passionné, impliqué dans le changement et la transformation, qui sait stimuler son entourage, notamment en montrant l’exemple. C’est le futur de l’entreprise.
Par Olivier Gault, formateur Excellence Opérationnelle, Servea conseil
